Audrey et Julien (Mélilotus, Corrèze), producteurs de plantes aromatiques et médicinales, et engagés au syndicat SIMPLES, ont augmenter leur surface agricole pour agrandir un peu plus leur espace naturel agricole, et pour produire eux-mêmes leur paillage, en foin de prairie.
De 1 hectare ils sont passés à 6 en quelques années (dont moins de 1 est cultivé, le reste est en bois et prairies naturelles). Sur leurs cultures de plantes ils n’utilisent ainsi que de la matière végétale issue de leurs prairies (et très ponctuellement du foin récupéré chez des éleveurs voisins).
Grâce à leur veille foncière, ils ont également permis au Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin d’acheter ou de signer des baux sur une quinzaine d’hectares supplémentaires (qu’ils utilisent aussi pour leurs cueillettes).
Sur ces prairies, ils pratiquent une fauche très tardive de fin d’hiver (février), ce qui permet conserver des zones d’herbes hautes le plus tard possible pour l’hivernage des insectes. Résultat : chaque année de nouvelles espèces sont découvertes, avec des densités exceptionnelles en criquets, sauterelles, grillons et papillons, dont des espèces assez exigeantes ou en déclin dans le secteur.
« les résultats sur la faune et la flore sont assez géniaux après quelques années, notamment sur une des parcelles qui a été semée en prairie après cultures de céréales »
En plus de cette intervention tardive, Julien et Audrey laissent des bandes non fauchées dans les prairies, pour favoriser des espèces qui sont détruites par la coupe de l’herbe, même hivernale (comme la Mante religieuse, qui cache ses œufs dans la végétation).
En 2022, Julien a découvert dans une de ces prairies un coléoptère extrêmement rare, Apalus bimaculatus, dont c’est la 3e mention française contemporaine.
On ne s’arrête pas en si bon chemin : Julien et Audrey sont en train de favoriser la réintroduction du Dectique verrucivore, une grosse sauterelle en déclin qui a presque disparu de ce secteur car toutes les prairies naturelles qui l’abritaient ont été labourées… Julien a prélevé quelques dectiques dans un endroit proche, pour les mettre dans une prairie très favorable à l’espèce du fait de la diversification des strates de végétation et des densités exceptionnelles d’insectes et notamment de criquets dont le Dectique se nourrit.
Retour aux questions agronomiques
Pour le paillage et l’amendement des cultures de plantes, Audrey et Julien ont également une parcelle de prairie de moindre intérêt naturaliste, sur laquelle ils récoltent plus tôt de l’herbe verte et plus riche en azote. Ils apportent également du guano de chauve-souris, que Julien récupère dans une maison proche, et qu’ils mettent en début de printemps, à faibles doses, sur les plantes les plus gourmandes en azote.
« On est très contents de ce système sur le fonctionnement de notre sol et sur la vitalité de nos plantes »
Pour finir, ils sont aussi en train de faire des tests pour auto-produire leur terreau, un enjeu important dans les fermes de petites cultures (plantes aromatiques, maraîchage, petits fruits, production de plants).