Le Dialogue Permanent pour la Nature (DPN)

DPN
Visite de ferme participative (photo LPO85)

Le Dialogue Permanent pour la Nature est l’un des outils du réseau Paysans de nature, il a été développé en Pays de la Loire par la LPO et ses partenaires.

Il a cependant vocation à servir dans d’autres réseaux (c’est déjà le cas !).

Un dispositif participatif, progressif et pérenne pour plus de place laissée à la vie sauvage dans les fermes

Le dispositif « Dialogue Permanent pour la Nature » est inspiré du fonctionnement de l’association Nature et Progrès, pionnière de la bio en France, et qui utilise un système participatif de garantie : la mention Nature et Progrès est obtenue chaque année suite à une visite de chaque ferme par un paysan et un consommateur (et non par un organisme externe de certification).

Le Dialogue Permanent pour la Nature s’inspire des systèmes participatifs de garantie, pour parler en permanence et à long terme de biodiversité sauvage, dans les fermes du réseau, en associant les paysans, les naturalistes et les autres habitants du territoire. L’implication des citoyens est l’un des piliers de l’association Paysans de nature, et la gouvernance plurielle, équilibrée et locale, est indispensable au fonctionnement de l’outil.

Cet outil peut être mis à disposition de tous les groupes d’agriculteurs et de citoyens qui voudraient s’en emparer, à condition de respecter le triptyque citoyens-naturalistes-paysans et que les paysans aient envie de faire évoluer leurs pratiques en faveur de la vie sauvage, l’abandon des pesticides étant une première étape indispensable…

Les 2 étapes du Dialogue Permanent pour la Nature

Le DPN se déroule en 2 étapes :

  • une visite de ferme participative, qui associe, en plus du paysan ou de la paysanne de la ferme, un ou une autre paysanne du territoire et un habitant ou une habitante (pas nécessairement naturaliste mais sensible aux questions de nature, de paysage, d’alimentation). Cette visite de ferme est avant tout un espace d’écoute, de compréhension des trajectoires du paysan visité, et de réflexion commune. Elle n’est pas un outil de contrôle ou d’évaluation (c’est l’étape suivante qui permet de déterminer des actions à mettre en oeuvre).
  • une réunion de restitution collective de plusieurs visites de ferme, appelée Commission de Progrès Biodiversité, à laquelle assistent des naturalistes qui connaissent les enjeux des territoires. Les compte-rendus de visites de plusieurs fermes sont partagés, discutés, et des marges de progrès à réaliser sont décidées et écrites, en accord avec les paysans concernées.
Visite de ferme - photo LPO85
étape 1 : la visite de ferme participative (photo LPO85)
CPB-photo LPO85
étape 2 : la Commission de Progrès Biodiversité (photo LPO85)

Les visites de fermes

Lors des visites, l’équipe dispose d’une trame d’enquête, d’un catalogue de pratiques favorables à la biodiversité, de cartographies et d’une liste des espèces qui ont déjà été observées sur la ferme.

Les catalogues de pratiques favorables sont adaptés à chaque type de production (ces catalogues sont des compléments « biodiversité » aux cahiers des charges des labels AB, Nature&Progrès, Simples, Demeter). Pour l’instant, seuls les catalogues « élevage d’herbivores », « viticulture » et « maraîchage » sont disponibles (auprès de la LPO Pays de la Loire). D’autres sont en cours d’élaboration (volailles, grandes cultures).

Les éléments ayant un lien direct ou indirect avec la défense de la vie sauvage sont discutés, qu’il s’agisse des « itinéraires techniques » (choix des agriculteurs sur l’alimentation des animaux, les surfaces de fauche, les traitements vétérinaires, les techniques de paillage, l’apport d’eau…), de la gestion des éléments de paysage qui font sens en termes de biodiversité (haies, mares, zones inondées, bords de rivière, chemin creux, arbres têtards, buissons…) ou des engagements « sociétaux » (accueil de stagiaires, de sorties nature, veille foncière, organisation de manifestations autour de la biodiversité)

Des critères simples permettent à chacun de s’approprier les sujets dans la discussion.

Il ne s’agit donc ni d’un inventaire des espèces de faune et de flore, ni d’une cartographie des habitats, ni même d’un échange entre expert ou un espace de conseils techniques.

La visite se termine par le remplissage d’une fiche de synthèse (A4 recto verso) décrivant les principales caractéristiques de la ferme et les sujets qui ont été abordés à propos de la biodiversité. Les points d’amélioration ne sont pas nécessairement évoqués lors de la visite, c’est le rôle de la CPB (voir ci-après).

Visite de ferme participative © Gaëtan Calmes

La Commission de Progrès Biodiversité (CPB)

La Commission de Progrès Biodiversité fait partie du dispositif DPN (celui ci ne se résume donc pas à la visite de ferme). Cette commission se réunit quand 4 à 8 fermes ont été visitées, si possible dans la même année !

Elle n’a pas une composition fixe : elle réunit les fermes visitées, les paysans et citoyens visiteurs, un animateur de séance et un naturaliste qui connaît bien les enjeux des territoires où se trouvent les fermes examinées.

Chaque ferme fait l’objet d’une discussion pendant 30 à 45 minutes. La commission entend les compte-rendus de visite (descriptif général de la ferme, sujets de discussion abordés sur le terrain). Les sujets sont partagés, discutés, éclairés par les apports de chacun, en particulier des naturalistes locaux.

Après discussion et avec l’accord de l’agriculteur, les marges de progrès à réaliser sur la ferme (au moins 2 points de progrès, au maximum chiffrés ou chiffrables) sont inscrits sur une boussole récapitulative.
Il peut par exemple s’agir d’indiquer un nombre de mares à creuser, ou d’un chargement de pâturage à atteindre, ou d’une année et un sujet pour l’accueil d’un stagiaire.

La commission s’attache aussi à valoriser les points de progrès déjà réalisés par le paysan.

Boussole de synthèse du DPN
exemple de compte-rendu de DPN : actions à mettre en œuvre

Cette façon de formaliser les choses permet de reprendre les éléments lors de la visite suivante, pour évaluer les réussites et les éléments non aboutis, toujours dans un esprit de dialogue, et de préférence par un groupe d’enquêteurs différents.

Vous voulez vous y mettre ?

Vous pouvez télécharger le Guide pratique du Dialogue Permanent pour la Nature, il est destiné aux paysans, aux habitants souhaitant s’investir, aux animateurs des organisations environnementales.

Un recueil de fiches techniques plus détaillées est disponible pour les animateurs du dispositif (équipes des associations de protection de la nature, des espaces naturels, des structures agricoles…). Nous contacter pour plus de renseignements.